L’Histo-rire :🧀 Le 29 mai 1418, Paris tombe… dans la fondue bourguignonne
“Une ville, c’est comme une tranche de pain : si tu la trempes trop longtemps, elle finit par se déliter.” – Duc de Bourgogne, sauce au poivre.
Paris, 1418. Tandis que les Parisiens se débattent dans les vapeurs d’une guerre civile interminable, les Bourguignons passent à table. Littéralement. C’est le 29 mai que la capitale, croustillante de tensions, est plongée dans le bouillon bouillant de la faction rivale. À l’époque, pas encore de raclette party ou d’afterwork au bar à bières, mais un véritable bain d’huile politique, au sens propre comme au figuré.
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L’histoire vraie :
La prise de Paris par les Bourguignons le 29 mai 1418 : contexte, déroulement et conséquences
Le 29 mai 1418 marque une date cruciale dans l’histoire médiévale française. Ce jour-là, la ville de Paris bascule dans les mains de la faction bourguignonne, rivale politique et militaire des Armagnacs, en pleine guerre civile sur fond de guerre de Cent Ans. L’événement illustre à la fois l’instabilité politique du royaume de France et la violence d’une époque troublée.
⚔️ Une France divisée en deux camps
Depuis le début du XVe siècle, la France est en proie à deux grands conflits : la guerre de Cent Ans contre l’Angleterre et une guerre civile intérieure qui déchire le royaume entre deux partis :
- Les Armagnacs, fidèles au roi Charles VI et dirigés par Bernard VII d’Armagnac, beau-père du dauphin Charles,
- Les Bourguignons, emmenés par Jean sans Peur, duc de Bourgogne.
À l’origine, ces deux camps avaient des intérêts politiques divergents, mais les tensions se sont cristallisées après l’assassinat de Louis d’Orléans, frère du roi, en 1407. Ce meurtre, commandité par Jean sans Peur, déclenche une spirale de violences. La méfiance s’installe entre les partisans du duc d’Orléans et ceux du duc de Bourgogne, chacun cherchant à s’imposer comme protecteur légitime du roi, atteint de crises de folie récurrentes.
🏙️ Paris, un enjeu stratégique
Au début du XVe siècle, Paris est un centre politique, économique et symbolique majeur du royaume. Contrôler la capitale revient à détenir un levier de pouvoir décisif. En 1413, les Bourguignons s’y étaient déjà imposés brièvement, profitant de la révolte des Cabochiens (un mouvement populaire favorable à leurs idées). Mais en 1415, les Armagnacs reprennent la main et installent leur autorité sur la ville, y réprimant durement les opposants.
Pendant plusieurs années, Paris vit sous un régime de tension extrême. Les Armagnacs gouvernent avec sévérité et se heurtent à une population de plus en plus hostile à leur autoritarisme et à leur fiscalité lourde. Ce mécontentement latent devient un terreau favorable à une nouvelle intervention bourguignonne.
⚠️ Le piège du 29 mai
Profitant du climat de défiance envers les Armagnacs et de complicités internes, les partisans de Jean sans Peur mettent en œuvre un plan audacieux pour reprendre la ville. La nuit du 28 au 29 mai 1418, un des gardiens de la porte Saint-Germain, corrompu ou acquis à la cause bourguignonne, laisse entrer les troupes ennemies.
Les Bourguignons, guidés par des Parisiens loyaux à leur cause, envahissent la ville sans grande résistance. La surprise est totale. En quelques heures, ils prennent le contrôle des principaux quartiers, des places fortes et des institutions. Les Armagnacs sont pris de court.
🔪 Élimination systématique des adversaires
Une fois les Bourguignons installés, une vague de violences s’abat sur Paris. Le pouvoir n’est pas seulement repris : il est purgé. De nombreux dignitaires et partisans armagnacs sont arrêtés, torturés, exécutés ou livrés à la vindicte populaire.
L’un des épisodes les plus sanglants de cette répression est l’assassinat de Bernard VII d’Armagnac lui-même. Arrêté avec d’autres nobles, il est massacré le 12 juin par une foule déchaînée, qui pénètre dans la prison où il est détenu. Les rumeurs d’abus, de corruption et d’oppression par les Armagnacs, entretenues depuis des années, alimentent cette soif de vengeance.
Selon plusieurs chroniques de l’époque, plusieurs centaines de personnes sont tuées dans les semaines suivant la prise de Paris, dans une véritable chasse aux sorcières politique. La ville vit sous la terreur d’un pouvoir répressif où les dénonciations, les règlements de comptes et les exécutions sommaires deviennent monnaie courante.
🏛️ Un pouvoir instable et une capitale traumatisée
Malgré cette victoire éclatante, Jean sans Peur ne parvient pas à stabiliser durablement la situation. S’il renforce son emprise sur le nord de la France et rétablit l’influence bourguignonne sur Paris, il doit faire face à un pouvoir royal toujours divisé et à un dauphin Charles (le futur Charles VII) désormais réfugié à Bourges, qui refuse toute légitimité à ce coup de force.
La violence du changement de pouvoir alimente la haine entre les deux camps. Les négociations échouent. En 1419, une tentative de conciliation entre le dauphin et Jean sans Peur aboutit à un drame : le duc de Bourgogne est assassiné à son tour sur le pont de Montereau, en présence du dauphin. Ce meurtre, en retour, radicalise les Bourguignons et pousse leur camp à s’allier avec… l’Angleterre.
🇬🇧 Vers une domination anglaise
Cet enchaînement tragique a des conséquences déterminantes pour la suite de la guerre de Cent Ans. L’alliance entre les Bourguignons et les Anglais permet à Henri V d’Angleterre de renforcer ses positions en France. En 1420, le traité de Troyes est signé : il écarte le dauphin Charles de la succession au trône et désigne Henri V comme héritier légitime du royaume.
Paris devient ainsi un bastion anglo-bourguignon, gouverné en opposition au “roi de Bourges” (Charles VII), qui doit s’exiler dans le sud du royaume. Il faudra attendre 1436, soit près de 18 ans plus tard, pour que Paris soit reconquise par les forces loyalistes, avec l’appui de Jeanne d’Arc et des compagnons de la reconquête.
🧭 Un basculement majeur dans l’histoire de France
La prise de Paris par les Bourguignons en 1418 est donc bien plus qu’un simple épisode de guerre civile. Elle représente :
- Un moment de basculement politique,
- Un traumatisme pour la population parisienne,
- Un tournant dans l’équilibre des forces durant la guerre de Cent Ans,
- Et un prélude à l’occupation anglaise du cœur du royaume.
Cet épisode montre aussi à quel point la lutte pour le pouvoir au Moyen Âge pouvait s’accompagner de violences extrêmes, de manipulations et de trahisons, dans un contexte où la légitimité royale elle-même était constamment remise en question.