L’Histo-rire :
⚓ Le pitch du siècle : « Et si on allait à l’ouest pour trouver l’est ? »
Séville, 1793. Salle comble, standing ovation, fontaine de sangria : Christophe Colomb est accueilli comme un CEO ayant enfin “livré le produit” après 8 siècles de bêta. Le roi Charles IV (qui n’était au courant de rien mais trouvait le logo sympa) l’a remercié chaleureusement pour son “esprit d’innovation disruptif”.
Le navigateur aux cheveux mi-longs et au regard startuppien est monté sur scène, a sorti un vieux parchemin PowerPoint et a lancé son pitch avec assurance :
“Bonjour, je suis Christophe Colomb, fondateur de IndusXplorer, une solution low-cost de recherche de routes maritimes disruptives.”
Puis il a déroulé son business model :
- Objectif initial : Trouver une route directe vers l’Asie.
- Méthode : Lever des fonds royaux pour louer trois caravelles d’occasion.
- Livrable final : Un continent entier (non prévu au business plan mais full scalable).
“C’est un peu comme Uber mais pour les territoires inconnus”, aurait glissé Colomb sur un ton détendu.
💰 Levée de fonds : entre foi chrétienne et capital risque
- Colomb enchaîne les refus : Portugal, Gênes, le Pôle Emploi des Navigateurs. Personne ne veut de son projet. Trop flou. Pas de proof of concept. Pas de MVP (Minimum Viable Port).
Mais il persiste, avec la résilience d’un fondateur de startup après 42 refus sur BFM Business.
Il finit par séduire les investisseurs les plus fous de l’époque : Ferdinand et Isabelle, les “Y Combinator” de la péninsule ibérique. Ils signent un pacte d’actionnaires surnaturel :
🪙 3 bateaux,
📈 10 % sur tout ce qui sera conquis,
🧑✈️ + stock-options sur les esclaves (très controversé aujourd’hui, mais à l’époque, ça passait crème).
“On y croyait pas trop, mais il avait des slides avec des cartes jolies et un bon storytelling”, confiera Isabelle dans un Reels posthume.
🛶 Le MVP qui tourne mal : “C’est pas l’Inde, mais c’est pas mal”
12 octobre 1492. Colomb arrive sur une plage. Il pense être en Asie, mais c’est Haïti.
Le bug est manifeste, mais il envoie quand même son mail de récap à ses investisseurs :
Objet : “Petit changement de roadmap”
Contenu : “On n’a pas trouvé les épices, mais on a un potentiel marché de 60 millions d’habitants à convertir au produit Jésus™.”
Isabelle fronce les sourcils. Ferdinand fait un benchmark. Mais la hype est là.
On rebaptise le tout “Nouveau Monde™”, on fait croire à une vision long terme, et hop : la valorisation explose. L’Espagne entre au NASDAQ colonial.
🧃 Séville 1793 : le Startup Demo Day du siècle
Deux siècles plus tard, Colomb est réinvité pour célébrer les 300 ans de son “pivot historique”. Il arrive en trottinette électrique (anachronisme assumé), enroulé dans un drapeau sponsorisé par IndieGoGo.
Il présente une rétrospective émotive en karaoké : “Voyage, voyage” de Desireless, remixée à la flûte baroque.
Puis il conclut sur une punchline LinkedIn-ready :
“On ne découvre jamais vraiment ce qu’on cherche, mais on trouve toujours un moyen de lever des fonds.”
La salle fond en larmes. Le roi Charles IV l’anoblit Chief Discovery Officer à titre posthume. Une statue NFT est lancée sur la blockchain madrilène.
Colomb entre au Hall of Fame des TechFounders Involontaires. Avec Jésus, Gutenberg, et l’inventeur du boulier.
L’histoire vraie :
Christophe Colomb n’était pas un entrepreneur au sens moderne, mais les parallèles avec la culture startup sont nombreux. En 1492, il convainc les monarques espagnols d’investir dans une expédition risquée, sans aucune garantie de succès. À l’instar des startuppers actuels, il vend un projet ambitieux basé sur la promesse de ressources nouvelles : or, épices, routes commerciales.
Le voyage est motivé autant par le profit que par une volonté d’expansion culturelle et religieuse. Le soutien royal fonctionne comme un financement initial, avec une répartition anticipée des gains. L’épisode symbolise aussi la logique de “prise de risque pour changement de paradigme”, typique des innovations technologiques.
Cependant, la réalité historique est bien plus sombre. La “découverte” de l’Amérique entraîne des conséquences tragiques pour les peuples autochtones : violences, esclavage, extermination. Un “succès” du point de vue européen qui se traduit par une catastrophe humaine pour d’autres.
La métaphore avec l’univers des start-ups permet d’interroger la fascination contemporaine pour l’innovation à tout prix, sans toujours en mesurer les effets à long terme, notamment éthiques et sociaux.