L’Histo-rire :🎉 Lucky Luke : 78 balais et toujours plus vif que le service client d’Amazon
🚬 Le cow-boy qui a troqué sa clope pour une brindille… et personne n’a rien dit
C’était un 16 juin 1947. Un homme seul, droit dans ses bottes, surgissait dans les pages du Journal de Spirou. Son nom ? Lucky Luke. Sa spécialité ? Dégainer plus vite que son ombre. Une performance aujourd’hui encore inégalée, sauf peut-être par ta grand-mère quand elle entend « galette-saucisse ».
🎯 Le flingueur le plus propre de l’Ouest (même sa gâchette est désinfectée)
Signé Morris (de son vrai nom Maurice de Bevere, ce qui faisait un peu trop notaire pour un cow-boy), Lucky Luke débarque avec un univers calibré pour le rire et le barillet. À ses côtés : les frères Dalton, empilés comme un paquet de BN mal rangé, Jolly Jumper le destrier intello, et Rantanplan, le seul chien à rater son test d’intelligence artificielle chez ChatGPT.
Ce western belge réinvente le genre : on y croise des bandits qui n’ont jamais braqué autre chose qu’un distributeur de bonbons, des shérifs qui préfèrent le tricot au duel, et des villes où la loi du plus fort s’écrit avec des fautes d’orthographe.
« Lucky Luke, c’est un peu le Uber Eats du Far West : il livre la justice en 10 minutes chrono, et toujours avec le sourire. » – Billy le Kit, influenceur en poncho
📀 L’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ombre
Alors que John Wayne sortait en Technicolor et que les États-Unis vivaient leur époque des cow-boys virils qui sentaient la sueur et l’amiante, Lucky Luke s’imposait avec une arme fatale : l’autodérision. Il est de ces héros qui n’ont jamais besoin de tuer pour exister. Une balle dans le chapeau suffit.
En vrai, Lucky Luke, c’est un peu OSS 117 dans le désert, mais avec moins de blagues douteuses et plus de chevaux qui parlent.
📊 Etude comparative des cow-boys :
Nom | Style de tir | Niveau d’intelligence émotionnelle | Résistance à l’ennui |
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Lucky Luke | Supersonique | Zen bouddhiste | 8/10 |
Clint Eastwood | Sombre mais stylé | Énervé depuis 1964 | 6/10 |
Rantanplan | Inexistant | Confond cactus et cactus | -5 |
L’histoire vraie :
Lucky Luke : un monument de la bande dessinée depuis 1947
Le 16 juin 1947 marque une date emblématique dans l’histoire de la bande dessinée francophone : la première apparition de Lucky Luke dans les pages du Journal de Spirou. Créé par le dessinateur belge Morris, ce personnage devient rapidement une figure majeure du 9e art, mêlant humour, aventure et satire douce du mythe de l’Ouest américain.
Une genèse belge, un imaginaire américain
Morris, de son vrai nom Maurice de Bevere, imagine Lucky Luke comme un cow-boy solitaire, habillé de son éternelle chemise jaune, son chapeau blanc et son foulard rouge. Le premier épisode, Arizona 1880, s’inspire des westerns classiques hollywoodiens, mais déjà, le ton est différent : plus léger, parodique, et truffé de clins d’œil humoristiques.
Très vite, Lucky Luke se distingue des autres héros de bande dessinée par son efficacité légendaire : il est capable de dégainer et tirer plus vite que son ombre, une hyperbole devenue slogan. Mais derrière ce gimmick visuel se cache une critique fine des clichés du western et une volonté de revisiter les figures héroïques avec ironie.
La collaboration avec Goscinny : l’âge d’or
À partir de 1955, Morris s’associe à René Goscinny, déjà célèbre pour Astérix et Iznogoud. Ensemble, ils vont faire entrer Lucky Luke dans une nouvelle dimension. Goscinny insuffle une richesse narrative, un sens du comique de situation, et une galerie de personnages secondaires savoureux : les frères Dalton, l’ineffable Rantanplan, le cheval Jolly Jumper, ou encore Billy the Kid, caricature d’enfant capricieux armé jusqu’aux dents.
Cette collaboration donnera naissance à certains des albums les plus emblématiques de la série : Les Cousins Dalton, Le Juge, Billy the Kid, ou encore La Guérison des Dalton. Le duo Morris-Goscinny fonctionnera jusqu’à la mort de ce dernier en 1977.
Une longévité exceptionnelle
Depuis sa création, Lucky Luke a traversé les décennies sans jamais perdre son public. À ce jour, la série compte plus de 80 albums, traduits dans plus de 30 langues, avec un total de ventes estimé à plus de 300 millions d’exemplaires dans le monde. Un chiffre qui place Lucky Luke parmi les séries de bande dessinée les plus populaires, aux côtés de Tintin et Astérix.
Après la disparition de Morris en 2001, le dessinateur Achdé reprend les rênes graphiques de la série, épaulé par divers scénaristes, dont Laurent Gerra, puis Jul, qui insuffle un humour contemporain, plus engagé, mais toujours respectueux de l’esprit original.
Un héros en phase avec son époque
En 1983, Lucky Luke abandonne la cigarette, remplacée par une brindille, en réponse aux campagnes de prévention contre le tabagisme. Un changement salué par l’Organisation mondiale de la santé, et qui marque la volonté des auteurs de s’adapter aux sensibilités de leur temps sans trahir l’essence du personnage.
Aujourd’hui, les aventures de Lucky Luke abordent des sujets de société plus larges : environnement, égalité, éducation… tout en conservant un ton bon enfant et accessible à toutes les générations. Jul a même fait de Lucky Luke un défenseur des minorités dans Un cow-boy dans le coton (2020), où il soutient les travailleurs noirs américains contre des exploitants esclavagistes du sud des États-Unis.
Adaptations et héritage culturel
Outre les albums, Lucky Luke a connu de multiples adaptations : séries animées, longs-métrages (avec Terence Hill, puis Jean Dujardin), comédies musicales et jeux vidéo. Il est devenu une icône culturelle, étudiée dans les écoles d’illustration et les universités, et régulièrement célébrée dans les festivals de bande dessinée comme celui d’Angoulême.
Son influence dépasse même le cadre de la BD : l’expression « plus rapide que son ombre » est entrée dans le langage courant. Lucky Luke, à sa manière, est un miroir humoristique et critique de notre propre imaginaire collectif autour du Far West.